Euroméditerranée, l’opération de rénovation urbaine considérée comme la plus importante en Europe, est en train de révolutionner Marseille. Quinze ans après son lancement sur un périmètre initial de 310 hectares, le projet en occupe aujourd’hui 480. La plupart des terrains sont d’anciennes friches industrielles et ferroviaires, ou des bâtiments qui méritent un sacré coup de jeune. Pour vous, Architecture urbanisme FR a rencontré l’Etablissement public d’aménagement Euroméditerranée (Epaem) et dresse un bilan à mi-parcours.
Voir notre dossier complet sur les grands projets marseillais 2014 -2020 en photos et vidéo ici
2013 : Marseille dévoile ses atouts
Il aura fallu attendre 2013, année capitale de la culture, pour que le grand public comprennent mieux ce qu’Euroméditerranée apporte à la ville. Des nouveaux espaces publics de qualité élargis, plantés, faisant place aux vélos et piétons, qui permettent aux habitants de mieux respirer, des équipements structurants dont la renommée dépasse désormais les frontières de la commune – le fameux MuCEM en tête, le musée Regard de Provence ou le Frac Paca, un nouvel hôpital pour améliorer l’offre en soins dans le centre et le nord de la ville, des écoles, des commerces, mais aussi des milliers de mètres de carré de logements neufs ou réhabilités. De quoi donner un sérieux coup de fouet à un quartier encore en désuétude au milieu des années 90. Marie-Claude Paoli, directrice de la communication à Euromeditérranée explique que «Le concept de ville internationale s’applique à Marseille. L’opération prend aujourd’hui tout son sens ».
D’ailleurs, la vie nocturne dans le quartier de la Joliette témoigne depuis peu du dynamisme retrouvé. Avant, on osait à peine se promener dans les rues après 18 heures… Depuis l’ouverture des Terrasses du Port, nouveau centre commercial haut de gamme, les habitants commencent à s’approprier l’espace public jusque tard dans la soirée. Déjà, un petit gout de succès… Cependant, ce qui n’est encore qu’un « quartier d’affaires » a tout de même un long chemin à parcourir pour devenir un quartier de centre-ville avec une vie nocturne semblable à celles que l’on peut trouver près du Vieux-Port et du Cours Julien.
Euromed 1 : Cap sur le nord du centre-ville
Alors que la plupart des grands chantiers sont achevés – Tour CMA CGM, MuCEM, Villa Méditerranée, Frac Paca, Silo, quartier d’affaires de la Joliette, logements, commerces -, il reste à l’EPAEM quelques défis à relever. Le premier, terminer le programme de bureaux Euromed Center, situé entre le Silo rénové et la tour CMA CGM de Zaha Hadid. Outre les immeubles de bureaux en chantier sur la face nord des Docks, le tant attendu cinéma d’Euromed Center financé par la société EuropaCorp de Luc Besson devrait aussi emboîter le pas, dès que les recours seront purgés. Après un changement radical d’architecture et des recours à l’encontre du projet, le multiplexe de 14 salles ne ressemblera plus aux fameux dauphins. L’enveloppe du bâtiment sera plus classique mais gardera tout de même une forme très contemporaine. Espérons que d’ici la fin des recours, la société de Luc Besson n’aura pas lâché prise !
Marseille vise les sommets avec trois grandes tours
Les Quais d’Arenc, le programme mixte de tours à grande hauteur (IGH) a également un rôle important à jouer dans les deux années à venir. Leur dimension architecturale à elle seule participera au renouveau de la skyline marseillaise. Le projet est composé de trois tours imaginées par Jean Nouvel, Yves Lion et Jean-Baptiste Pietri et du Balthazar de Roland Carta (déjà terminé). Sous ce dernier occupé par la société AG2R, un parking de 740 places vient d’ouvrir au public.
Les travaux de la Marseillaise de Jean Nouvel devraient démarrer le 17 décembre 2014 avec la pose de la première pierre, comme l’affirme La Provence dans son édition du jour. Actuellement, 70% des surfaces sont commercialisées. Du haut de ses 135 mètres soit 31 étages, la future tour de bureaux viendra chatouiller les sommets marseillais.
La tour de logements H99 devrait être livrée –pour l’instant- fin 2017. Proximité oblige, il faudra sans doute organiser un phasage pour la construction des tours La Marseillaise et H99. Le démarrage des travaux pour la tour Horizon d’Yves Lion n’est quant à lui pas dévoilé pour l’instant.
Les quais d’Arenc © Constructa
Selon les propos de Marc Pietri, président de Constructa, recueillis par le quotidien La Provence, pour la H99, « les cellules ont été recomposées car la demande est sur des tailles plus restreintes. Rien ne changera dans le standing de ce projet qui s’impose à Marseille et qui sera terminé aussi fin 2017 si les choses se déroulent normalement. »
Le site internet marseillais Marsactu dévoilait le 25 septembre dernier la signature d’un bail de 15 ans pour installer dans les deux derniers étages de La Marseillaise un « Provence business skylounge » : « Le World trade center Marseille Provence a signé ce matin un bail de 15 ans pour les deux derniers étages de la tour La Marseillaise, l’un des quatre immeubles des quais d’Arenc. Cette société détenue par la chambre de commerce et d’industrie (CCIMP) va y aménager un « Provence business skylounge » qui associera location de bureaux sur des courtes durées et espaces pour des réceptions et réunions d’affaires. En parallèle, elle va consacrer quatre millions d’euros à l’extension et la rénovation de l’actuel centre d’affaires situé au Centre Bourse. »
Mutation radicale du quartier de la gare TGV
Côté Saint Charles, il reste à terminer la construction du bassin de rétention au pied de la Porte d’Aix. Dès l’achèvement des travaux, le feu vert sera donné au chantier d’aménagement du parc d’un hectare au cœur du quartier. Un projet vital qui permettra d’offrir une véritable bouffée d’air frais aux habitants. Rappelons, à ce même endroit, il y a seulement trois ans, l’autoroute A7 arrivait directement ! Une véritable fracture urbaine qu’il fallait inévitablement stopper (voir notre reportage photos sur le quartier Saint-Charles ici).
La nouvelle entrée de ville surplombant le futur parc Saint-Charles © Julia Zecconi
Des équipements scolaires et culturels de haut niveau
Dans ce même secteur, d’autres grands équipements sortiront de terre d’ici à 2018 : la bibliothèque inter universitaire face à la gare Saint –Charles, l’agrandissement de l’école EMD inaugurée depuis seulement deux ans et qui rencontre un franc succès, le regroupement de l’école d’architecture et de celle du paysage de Luminy avec l’institut d’urbanisme et d’aménagement régional d’Aix-en-Provence, en lieu et place du groupe scolaire initialement prévu dans le programme de la ZAC sur l’ilot des treize escaliers.
La bibliothèque inter universitaire en chantier © Fradin Weck
Un développement économique très important
Le projet global entrepris sur le périmètre d’Euromed 1 ne constitue pas une réussite pour certains Marseillais. La cause, des espaces verts résolument absents (excepté le square Joliette et le futur parc Saint-Charles). Mais, il faut le dire et les collectivités ne s’en cachent pas, ce n’était pas la priorité de ce projet urbain. Il fallait d’abord redéfinir un tissu urbain difficilement lisible et redonner un coup de fouet à l’attractivité économique du centre-ville. Et là, pour le coup il semblerait que le pari soit réussi.
Le taux de chômage était de 30% pour 30 000 habitants sur Euromed 1 au tournant du 21e siècle. L’EPAEM a engendré la création de 25 000 emplois. Certes, pas forcément des emplois destinés aux habitants de ces quartiers, mais le chiffre est là.
Sur Euromed 2, le constat sera différent. Le périmètre d’extension de l’OIN concentre déjà 5 000 salariés pour 3 000 habitants, pour 500 entreprises. Ici ce n’est donc pas la même problématique. D’ailleurs, les entreprises sont actuellement consultées par l’EPAEM au même titre que les habitants « dans le cadre de la concertation préalable à la définition des projets ».
Marie Claude Paoli explique la stratégie économique sur ces deux territoires « Sur Euromediterranée 1, il s’agissait d’attirer des grands sièges de sociétés comme la CMA-CGM, des banques, etc. Sur Euromed 2, l’objectif est davantage de préserver et créer des entreprises de types TPE et PME».
La carte du périmètre Euroméditerranée 2 © François Leclercq
Construire la ville du 21e siècle ?
Euromediterranée 2, avec son label d’Ecocité, est l’occasion pour Marseille de tester pour la première fois de concevoir un quartier écologique, solidaire et technologique, proche du centre-ville. Son objectif en termes de construction, expérimenter l’architecture du soleil. C’est-à-dire, profiter au maximum des atouts météo de la ville pour moins chauffer l’hiver et moins ventiler l’été tout en bénéficiant d’un confort maximal.
L’ilot Allar est d’ailleurs le témoin de cette ville du futur. Appelé plus communément « ilot démonstrateur » parce qu’il est là pour démontrer les capacités architecturales en matière de développement durable, qui devrait s’appliquer sur le reste du territoire par la suite. Pour l’occasion, histoire de vraiment appuyer cette démarche, Eiffage, propriétaire d’une partie de l’ilot, a fait appel à Eduardo Souto de Moura, le très célèbre architecte portugais, lauréat du prix Priztker (prix Nobel de l’architecture) en 2011. Les travaux de cet ilot doivent démarrer dans quelques jours, pour une clôture du chantier prévue fin 2016.
Côté transport : un nouveau pôle d’échange ultra connecté
Le futur quartier soigne aussi l’amélioration de la mobilité urbaine. Un vrai défi… Pour cela, le groupement composé de l’Atelier Barani, Carta et associés, Stoa, Coteba et Sogreah a été sélectionné par la Communauté urbaine MPM pour penser un nouveau pôle d’échange, appelé Capitaine Gèze. Le chantier est en cours, il avance bien. La livraison est prévue pour la fin 2015. Au programme : 600 places de parking relais avec quelques places pour brancher les voitures électriques, une nouvelle gare routière, une gare TER dans 4 ans.
Pour tout savoir sur ce projet, retrouvez notre dossier ici
La station Capitaine Gèze © Carta et associés
Côté transport de marchandise, la gare du Canet sera transférée sur le site de Mourepiane en 2017, afin de libérer l’espace nécessaire à l’aménagement du futur parc des Aygalades. Au total, 14 hectares de projet de « coulée verte » le long du ruisseau seront aménagés, soit un parc un peu plus petit que le parc Borély.
Autre espace vert, le parc de Bougainville au pied de la cité Felix Piat devrait voir le jour en 2018. Cette partie Sud du parc des Aygalades aura une entreprise de 4 hectares. Les études seront lancées début 2015. Le parc devrait accueillir des équipements sportifs, des zones de pique-nique, des pistes cyclables et des jeux d’enfants autour du ruisseau, et devrait faire le lien physique entre Euromed 1 et Euromed 2. Ses abords autour du Boulevard de Briançon et de l’avenue Roger Salengro seront également réaménagés en surface (création de logements, d’activités et d’équipements) et en souterrain notamment sur la rue d’Anthoine.
Le plan du réseau de transports en commun © Euroméditerranée – 2009
Le planning de la création des deux ZAC
La ZAC littorale qui se situe fort logiquement le long de la future corniche littorale imaginée par l’urbaniste du projet François Leclercq, a été créée en octobre 2013. A l’Est le périmètre de la ZAC est matérialisé par la voie ferrée. Le dossier de réalisation de la ZAC est en cours d’élaboration. Il devrait être officialisé fin 2015.
Un dossier de réalisation de ZAC comprend le programme global des constructions et des équipements publics à réaliser dans la zone, les modalités prévisionnelles de financement, échelonnées dans le temps, les modifications à apporter éventuellement à l’étude d’impact. Il fige donc les éléments du projet comme le nombre de m² de logements, de bureaux, de commerces et d’équipements publics à réaliser.
L’autre ZAC, qui n’a pas encore de nom se situera de l’autre côté de la voie ferrée, limitée au Nord par le boulevard du Capitaine Gèze et à l’Est par le boulevard Danielle Casanova et le quartier du Canet. Elle englobera la plus grande partie du parc des Aygalades. Le planning des études et des travaux n’est pas encore défini pas l’Epaem.
Notons que la réhabilitation du quartier des Crottes ne fera partie d’aucun périmètre de ZAC. La procédure de l’opération est actuellement en cours de définition. Le chantier de réhabilitation devrait débuter en 2020, lorsque les études et le plan de financement seront définis.
Le plan détaillé du programme de l’opération © Euroméditerranée
j habite dans le bd daniele Casanova face a la gare du canet ;j aimerai savoir si le boulevard daniele Casanova va etre agrandi et les entreprise et la gare détruits…merci