Article publié le 30 mai 2013, mis à jour le 20 octobre 2014
Fermée depuis 2005, La Samaritaine, ancien magasin Arts Déco à Paris, va se transformer en un ensemble architectural unique réunissant bureaux, commerces, hôtellerie, logements sociaux et crèches. Prévue en 2013 et repoussée à 2015, la réouverture du lieu pourrait ne pas intervenir avant 2016 ou 2017. La cause ? Des recours à répétition à l’encontre du projet dont une façade en verre ondulé est jugée « dissonante » par rapport aux façades en pierres traditionnelles des immeubles parisiens.
Notre article précédent sur ce projet ici
Historique des dernières décisions administratives sur ce projet
05 janvier 2015 / Les travaux de nouveau suspendu : plus de précisions ici
20 octobre 2014 / La Ville de Paris salue la décision de la reprise des travaux
La Ville de Paris salue la décision de la Cour administrative d’appel de Paris dans le dossier de la Samaritaine, intervenue jeudi, qui autorise la reprise des travaux. En décidant de surseoir à l’exécution du jugement du Tribunal administratif, qui annulait le permis de construire de l’opération Rivoli, la Cour administrative d’appel de Paris autorise la reprise des travaux du chantier de la Samaritaine, dans l’attente d’une nouvelle décision sur la validité du permis de construire qui devrait être rendue dans les prochains mois.
La Ville de Paris réitère son souhait de voir cette opération menée à terme dans une ville attractive, fidèle à son patrimoine et tournée vers son avenir.
02 octobre 2014 / Délibération du jugement le 16 octobre 2014
Le rapporteur public de la cour administrative d’appel de Paris, Sonia Bonneau-Mathelot, s’est prononcé jeudi 2 octobre 2014 pour la suspension de l’annulation d’un permis de construire du chantier du grand magasin parisien la Samaritaine, ce qui ouvrirait, s’il était suivi, la voie à une reprise des travaux. La décision a été mise en délibéré au 16 octobre.
13 mai 2014 / La justice annule un permis de construire de la Samaritaine
Le tribunal administratif a annulé l’un des permis de construire portant sur la rénovation du grand magasin parisien la Samaritaine. Dans son jugement, qui concerne l’«Ilot Rivoli», soit la partie qui jouxte la rue de Rivoli, le tribunal administratif a estimé que la juxtaposition du nouveau bâtiment prévu par LVMH – et plus particulièrement sa façade ondulante exclusivement réalisée en verre – et d’immeubles parisiens en pierre, «variés mais traditionnels», apparaissait«dissonante». Le recours avait été déposé par l’association Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF). La décision du tribunal ici
La mairie de Paris a déclaré qu’elle prenait acte du jugement et allait faire appel.
LE PROJET
La Samaritaine, propriété du groupe de luxe LVMH, a confié en mai 2013 la reconstruction de la partie des édifices côté rue de Rivoli à l’agence japonaise Sanaa (Prix Pritzker 2010). Symbole de ce patrimoine, la verrière du magasin très abîmée, avec ses escaliers Arts Déco, sera rénovée. Au sol des étages, les dalles de verre des premières années qui avaient été progressivement recouvertes seront aussi restaurées.
Mais loin d’être un seul projet de conservation, le futur ensemble laisse la place à la « patte » moderne de l’agence Sanaa (voir tous leurs projet ici), tandis que l’aménagement intérieur de l’immeuble en bord de Seine, le futur hôtel, est confié à l’architecte Edouard François (voir ses projets ici).
Crédit images : Agence Sanaa / Édouard François
Le projet en détails
Projet architectural mais aussi social, économique et touristique, la nouvelle Samaritaine rend d’abord hommage à la précédente, et à ses architectes, Franz Jourdain et Henri Sauvage.
Ainsi, la nouvelle Samaritaine sera bien ancrée dans son passé historique mais aussi tournée vers l’avenir, notamment grâce au couvercle de verre sérigraphié et transparent côté rue de Rivoli, qui devient opaque par endroits et reflète le paysage extérieur.
Dans la composition des architectes Kazuyo Sejima et Ryue Nishizama, trois patios se succèderont. L’un sous la verrière art déco, le deuxième créé ex-nihilo et un troisième au milieu du futur bâtiment, sorte de « promenade urbaine » selon les concepteurs nippons. Rue de Rivoli, une grande voile de verre de 25 mètres de hauteur ondulée et transparente reposera sur la façade.
La Samaritaine conserve tout de même un important espace dévolu au commerce (26 000 m², contre 30 000 m² auparavant), mais s’ouvre en parallèle à d’autres activités permettant la création de près de 2400 nouveaux emplois :
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Des bureaux : 21 000 m²
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Des logements sociaux pour 250 personnes : 7000 m²
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Une crèche de 60 places
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Un hôtel de 80 chambres « Cheval blanc » géré par le groupe hôtelier dont LVMH est propriétaire
Un projet qui prend du retard
Mais la rénovation du grand magasin partiellement inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques prend du retard. En effet, l’inauguration été prévue en 2014. Sauf qu’entre temps, deux associations,SOS Paris et SPPEF, ont lancé des recours contre le permis de démolir et construire du bâtiment. Ils ont déposé un référé suspension au tribunal pour stopper les travaux. En ligne de mire des contestataires, la partie contemporaine du projet, rue de Rivoli qu’ils ont surnommée de « rideau de douche« . Ils craignent la destruction de la façade hausmannienne (voir encadré en début d’article).
Façade rue de l’arbre sec
Coupe de la façade rue de l’arbre sec
Coupe de la façade rue de la monnaie
La maquette de la Samaritaine
Le projet en chiffres
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80 000 m² : surface existante
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70 000 m² : surface projet
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96 logements sociaux soit un apport de 250 nouveaux habitants dans l’arrondissement le moins peuplé de Paris (9,8 habitants/m² contre 25,2 habitants/m²dans l’ensemble de Paris)
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21 000 m² de commerces et bureaux
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80 suites et chambres dans un hôtel de luxe
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2 000 emplois nouveaux
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80 % de La Samaritaine inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques
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10 729 m² de façades conservés et rénovés (74 % environ) sur un total de 14 405 m²
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28 mois de chantier de construction à partir de 2013
Un millier de personnes environ travailleront sur le site pendant le chantier en période pleine. Un large éventail de métiers d’artisanat d’art œuvreront à la restauration du bâtiment (ferronniers, restaurateurs de peinture, tailleurs de pierre, sculpteurs, céramistes…).
Perspective intérieure sur l’entrée du bâtiment
Le hall
Les escaliers monumentaux
J’ai bien peur que ce gigantesque « rideau de douche » rue Rivoli ne donne une perpétuelle vision de chantier de ravalement rappelant ces bâches qui couvrent les échafaudages….
Grande nostalgie d’une des plus belles façades Hausmaniennes de notre capitale qu’on s’apprête à nous cacher…
Tout à fait d’accord avec toi !
De plus l’argument des architectes est de dire : « que cela reflétera les façades haussmanniennes alentours » … FAUX cela reflétera le ciel ! (quel bande de con:)
seuls les habitants des immeuble alentours verront leur façade de chez eux.
Décidément cette architecture n’a plus rien à offrir à la population, aux gens, aux citoyens en ne reflète aucune vision commune.
En deux mots : égocentrique et austère (à la fois c’est un centre commercial / pauvre époque riche)
A voir,
Onfrey sur l’ultra-libéralisme architectural :
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/beaute-de-l-architecture-3-a-up-111048
Plutôt ici :
https://www.youtube.com/watch?v=Zb5eJldjg3Y
Lorsqu’un dessin suggère que la construction sera diaphane et transparente, on ne peut que se méfier. La canopée était diaphane et transparente sur les dessins ; à l’arrivée c’est un hangar amélioré, audacieux… mais un hangar.
eh oui c est archimoche ce rideau de douche a cet endroit du moins
;;il y a certainement des endroits ou cette technique originale peut être testée au bord de l eau sur les quais peut être ds un site industriel en banlieue en foret mais pas la !! et on ne sait pas comment ces matériaux vont vieller avec le calcaire omniprésent les pluies acides la pollution et combien ça coutera de les restaurer
il faut respecter a cet endroit et la cohérence architecturale de notre cher paris !!
Que pensez-vous des la Tour Eiffel : un mauvais échafaudage au milieu de rien? … et Beaubourg toujours, toujours une raffinerie?
… et pourtant il font partis des fleurons du patrimoine de Paris. Heureusement qu’à cette époque l’ouverture d’esprit était de mise…
Bravo Gédéon, enfin quelqu’un ouvert d’esprit sur ce site…
Tour Eiffel et Beaubourg au même niveau ?!
La tour Eiffel est fine là ou le centre Pompidou ne l’est pas (Oui, le Centre restera une raffinerie, mais on l’aime bien parce que c’était voulu / assumé par les architectes et ça fonctionne avec l’usage du bâtiment).
Vous parlez « d’ouverture d’esprit » mais la critique faites aux architectes contemporains est d’en manquer, d’esprit. Ce n’est même plus un problème de forme, mais bien de fond : les architectes ne donnent plus rien à voir et à personne. Sont comme retranchés dans leur tour d’ivoire (de verre pardon).
Le meilleur argument est de voir comment les gens réagisse au quotidien à cette architecture.
Architecture subtile qui voile ,
une incitation à la flânerie qui appelle les passants ,
art et poésie ensemble
rêvant la rue de Rivoli …
Cette façade est magnifique et audacieuse.
De l’audace c’est sans doute ce qui manque aujourd’hui à Paris, mais elle viendra avec la volonté politique adéquate et le départ en province de quelques parisiens râleurs.
Au passage, sans cette qualité, Haussmann et surtout son successeur Jean-Charles Alphand, trop peu cité, n’auraient pas pu mener leurs projets prolifiques.
Mais après la fondation Vuitton, notre précieux et très patient Bernard Arnaud va nous offrir cette belle Samaritaine dépoussiérée, transparente et dans son temps.